« Quand j’entends « tes/ses peurs sont irrationnelles », j’ai souvent les yeux qui montent au ciel et un soupir d’agacement qui s’échappe malgré moi. #JyCroisPasQuonSoitEncoreLà
Pourquoi ?
1. Dans notre société, irrationnel veut dire souvent « direction la poubelle », or ce qu’il y a sous une peur est très riche
2. ça montre juste à quel point la personne qui dit ça n’a pas compris ce qui se passe exactement
J’ai d’ailleurs fait une vidéo là-dessus.
Mais aujourd’hui, j’ai envie de parler de la pertinence de la peur, surtout quand elle paraît « irrationnelle ».
Le recadrage de la peur : une approche froidement rationnelle de l’irrationnel
C’est vrai, ma peur en fait parfois des caisses en me montant un scénario digne des meilleurs films d’horreur. Dans ce cas-là, il est bon de pouvoir recadrer mes pensées pour les amener à quelque chose de plus raisonnable. #CalmeToiLePompon
Ok, l’emballement du mental est freiné. C’est un point intéressant, car ça permet aussi de calmer le corps et d’éviter de partir en panique.#CestToujoursBonAPrendre
Anecdote : Je l’utilise moi-même, par exemple, quand il s’agit de monter à une tour d’observation, parce que j’ai le vertige. Je regarde droit devant moi et surtout pas à travers les marches ajourées, parce que là… houuuuu, mes pensées pourraient partir vite en sucette ! Et je bloque volontairement toutes les pensées en rapport avec mon vertige. Je peux ainsi monter dans une tour d’observation grand public, mais ça ne fera jamais de moi une spider-man qui monterait à l’assaut de n’importe quelle échelle, tour, que sais-je encore…
Mais cette méthode-là est juste intéressante d’un point de vue « opérationnel », dans le sens que ça permet de contrôler le niveau de peur pour un passage à l’action avec moins de résistances.
C’est proche de l’approche des managers, qui cherchent sans cesse « comment ne pas être empêché » d’arriver à tel ou tel objectif.
« Ne pas être empêché » est donc un point de vue de manager qui veut des résultats, pas d’un point de vue d’humain sensible !
Cette approche nous place donc dans le FAIRE, mais ne s’adresse pas à l’ETRE et toute sa complexité. Notamment la pertinence de certains comportements inadéquats.
L’écoute profonde de la peur : une approche sensible de l’irrationnel
Là où mon approche est fondamentalement différente, et rend plus légère chaque personne qui croise ma route, c’est qu’elle amène la notion de pertinence de la peur vécue, quand bien même elle semble irrationnelle.
En fait, la peur c’est le règne de l’irrationnel selon moi. Et pour savoir quoi regarder et quoi faire pour la calmer, ça demande un regard différent que celui dont j’entends parler autour de moi.
Car recadrer une peur, c’est une bonne chose.
Analyser d’où elle vient, ça peut être utile.
Mais ce n’est pas suffisant pour qu’elle ne soit plus là ! La preuve, bien souvent nous restons bloquées en mode « Mais j’ai compris ma peur ! Pourquoi je suis toujours bloquée ?! »
Cette situation montre bien que la racine se trouve bien au-delà de notre compréhension mentale et hors de portée de notre volonté !
Car si c’était le cas, avec tous les efforts que nous avons fait pour nous en débarrasser, si c’était ça la clé, ça ferait longtemps qu’elle aurait disparu cette peur, n’est-ce pas ?
>> Lire aussi : Lettre ouverte à toutes ces peurs que je ne vaincrai jamais
Donc même si rationnellement nous ne comprenons pas pourquoi, cette peur et ce qu’elle nous fait faire d’inadéquat sert les intérêts d’une partie de nous qui ne peut/sait pas s’exprimer autrement. Cessons donc de mépriser cette maladresse intérieure !
Comment se comporter sainement face à ses peurs alors ?
La solution que je déconseille : l’approche de la peur en mode « bourrin »
= secouer ce mécanisme de défense comme un prunier en lui hurlant de partir parce qu’on a compris où était le problème.
Cela montre 2 choses :
1. Contrairement à ce que l’on prétend, on n’a rien compris.
Sinon on agirait avec douceur et bienveillance pour prendre soin de la vulnérabilité qui est protégée derrière le mécanisme de défense.
2. Tenter d’arrêter par la force le mécanisme de défense le renforce dans sa mission en lui montrant qu’il a toutes les raisons du monde d’être là vu la pression qu’on met. On renforce les tensions et blocages en nous.
C’est une attitude empreinte de mépris et de condescendance pour ce qui se passe en nous.
Bref, au lieu d’améliorer la situation, on empire les choses. #CestBallot
Question efficacité, on repassera !
La solution que je préconise : l’approche sensible de la peur
= écouter de manière sensible et empathique ce que la peur nous dit (ce qui ne veut pas dire faire ce qu’elle nous dit !)
1. Observer (et non analyser !) et mieux ressentir ce qui l’a provoqué et tous les rouages du mécanisme de défense. Nous savons alors où nous apporter amour, bienveillance et compassion autant que nécessaire pour guérir la blessure qui est à l’origine de cette peur.
Le simple fait de reconnaître et d’accepter ce qui est là permet de détendre les tensions et blocages en nous.
2. Cette observation bienveillante nous permet de cerner les outils à apprendre et ressources intérieures à développer pour être à même de nous protéger en conscience, sans le mécanisme de défense qui nous entrave maintenant.
3. Remercier le mécanisme de défense pour tout le travail qu’il a fait pendant que nous étions incapables de nous protéger (aucun jugement ici, juste un constat). Cela contribue à détendre encore plus les tensions et blocages en nous.
4. Passer à autre chose en choisissant de nous préserver en conscience plutôt que laisser le mécanisme de protection nous protéger en inconscience, par défaut.
Une approche sensible de la peur
C’est une attitude respectueuse et ouverte vis-à-vis de ce qui s’exprime en nous, qui nous permet une reconnexion profonde avec toutes les parts de nous qui ont été blessées. Cela prend du temps, et en même temps, au final, la peur a complètement disparue car elle n’a plus de raisons d’être là. #EfficacitéLongTerme
Cela change du simple recadrage mental, n’est-ce pas ?
Au moins, là, on va à la racine des choses, en douceur !
Articles Connexes
Connexes
Pourquoi je ne souhaite plus « bon courage » à quelqu’un
Un combat à venir.
Voilà ce qu’on formule comme voeu en disant « Bon courage » à quelqu’un, alors qu’on croit lui insuffler de la force, donc des épreuves moins difficiles.
C’est là tout le côté pervers de la chose.
Je m explique.
Le développement personnel fait augmenter la culpabilité
Temps de lecture estimé : 2 minutesSans que j’y prenne garde, le développement personnel a fait grandir ma culpabilité pendant plusieurs années. Avant que je tombe dans cette grande marmite-là, je ne suis pas consciente de grand-chose en ce qui concerne mes...
Pourquoi nos résistances sont-elles si mal aimées ?
Temps de lecture estimé : 3 minutesJe vais recadrer ma question : Pourquoi J’AI autant de mal à accepter mes résistances ? Que j'en fais tout un fromage ? Au point que cela me rend prête à sortir la hache de guerre dès que tout ne se passe pas comme prévu ?Résistances...